Un plan de 160 millions de gourdes vise à restaurer l’accès à l’éducation dans une région toujours marquée par le séisme de 2021, à l’approche de la rentrée scolaire.
PORT-AU-PRINCE, 21 août 2025 – Le Fonds National de l’Éducation (FNE) haïtien débloque 160,4 millions de gourdes (environ 1,2 million de dollars US) pour un programme urgent de réhabilitation de 57 établissements scolaires dans le Grand Sud. Cette initiative, annoncée à trois semaines de la rentrée scolaire 2025-2026, cible les départements les plus touchés par le séisme de 2021 et la crise socio-économique. Elle traduit la volonté des autorités de restaurer un environnement d’apprentissage minimal dans une région où plus de 1 200 écoles avaient été endommagées ou détruites il y a quatre ans.
Une délégation officielle du FNE, conduite par la directrice générale Sterline Civil, a sillonné du 14 au 17 août les départements du Sud, du Sud-Est, des Nippes et de la Grand’Anse. Objectif : finaliser avec les directeurs d’écoles les modalités de ce financement crucial et lancer les travaux dans les plus brefs délais. Les établissements bénéficiaires, sélectionnés sur la base de recommandations des directions départementales, recevront des fonds pour la rénovation d’infrastructures et l’acquisition d’équipements pédagogiques de première nécessité.
« Ce financement traduit la volonté du FNE de renforcer l’accès à une éducation de qualité dans les régions affectées par les crises successives », a affirmé un représentant de l’institution. Mais au-delà des déclarations, le mécanisme mis en place cherche à garantir une utilisation transparente des fonds. Chaque directeur d’établissement a signé un protocole d’accord engageant à soumettre un rapport détaillé sous 20 jours après le lancement des chantiers, sous peine de sanctions.
Un contexte de reconstruction lente et de défis persistants
Cet effort s’inscrit dans le long et complexe processus de reconstruction post-séisme du 14 août 2021. Le tremblement de terre, d’une magnitude de 7,2, avait non seulement fait plus de 2 200 morts et 12 000 blessés, mais avait aussi paralysé le système éducatif régional. Quatre ans après la catastrophe, les défis restent immenses. Malgré les promesses d’aide internationale et les plans gouvernementaux, la reconstruction peine à suivre le rythme des besoins, dans un contexte national marqué par une insécurité persistante et une crise socio-économique profonde.
« Beaucoup d’écoles fonctionnent encore sous des tentes ou dans des structures précaires, avec un accès limité à l’eau et à l’électricité. Les conditions d’apprentissage sont très difficiles, surtout pendant la saison des pluies », témoigne Marie-Louise Jean, directrice d’une école primaire aux Cayes et bénéficiaire du programme.
Des besoins qui dépassent largement l’enveloppe actuelle
Si cet investissement est salué comme une avancée positive, les observateurs pointent du doigt l’écart entre les besoins et les moyens alloués. Réhabiliter 57 écoles est une étape nécessaire, mais il en reste plus d’un millier dans l’attente d’une reconstruction complète.
« Cette initiative est la bienvenue, mais elle ne représente qu’une goutte d’eau dans l’océan des besoins », estime Jean-Claude Pierre, coordinateur d’une coalition d’ONG locales pour l’éducation. « Elle questionne la stratégie globale et les moyens alloués par l’État à la reconstruction d’un pilier essentiel pour l’avenir du pays. Sans un effort massif et coordonné, une génération entière d’élèves continuera à étudier dans des conditions indignes. »
La réussite de ce projet pilote, scrutée de près par tous les acteurs, pourrait servir de modèle pour le déblocage de financements plus larges. Elle déterminera aussi la capacité de l’État haïtien à mener à bien des projets d’envergure dans des zones reculées, souvent difficiles d’accès et moins touchées par l’insécurité que la capitale Port-au-Prince.
Alors que la rentrée scolaire approche, ces travaux représentent un espoir concret pour des milliers d’élèves et d’enseignants du Grand Sud. Ils symbolisent la résilience d’un système éducatif qui tente de se reconstruire, pierre par pierre, malgré les défis accumulés. La prochaine rentrée scolaire se fera, une fois de plus, sous le signe de l’urgence et de l’espoir ténu d’un retour à la normale.