Le gouvernement inaugure une unité de production locale d’oxygène médical, une initiative nécessaire mais insuffisante au regard de l’état de délabrement avancé du système de santé haïtien.

Port-au-Prince – Un centre de production d’oxygène médical a été inauguré cette semaine par le ministère de la Santé publique, en partenariat avec des organismes internationaux. Si l’initiative répond à un besoin vital, elle ne masque pas la réalité accablante d’un système de santé en déliquescence, où manquent lits, médicaments, personnel soignant et équipements de base.

Une initiative utile, un système à l’arrêt
Le centre, implanté dans la zone de la SONAPI, produira jusqu’à 128 bonbonnes d’oxygène par jour. Une ressource cruciale pour les services de réanimation, les blocs opératoires et les maternités. Pourtant, sur le terrain, la majorité des structures de santé peinent à fonctionner : pénuries chroniques de matériel, personnels non payés, infrastructures délabrées et insécurité persistante aux abords des hôpitaux.

Un accès aux soins toujours aussi limité
Bien que le ministère annonce une distribution « juste et transparente » avec un plafond de prix fixé à 4 000 gourdes la bonbonne dans le public, l’accès aux soins reste un luxe pour une large partie de la population. Des régions entières sont dépourvues de centres de santé fonctionnels, et les évacuations sanitaires sont compromises par l’insécurité et le mauvais état des routes.

Un système sous perfusion internationale
Le projet a été rendu possible grâce au financement du PNUD et du Fonds Mondial. Une dépendance qui illustre l’incapacité structurelle de l’État haïtien à financer et maintenir son système de santé. Les initiatives ponctuelles, bien que nécessaires, ne suffisent pas à enrayer une dégradation continue.

Une population toujours aussi vulnérable
Maladies infectieuses, malnutrition, diabète, hypertension… Les besoins de santé sont immenses et ne cessent de croître avec l’appauvrissement généralisé. La fermeture de nombreux centres de santé en zone rurale et les difficultés d’approvisionnement en médicaments essentiels aggravent encore la situation.

Un signal faible dans une crise majeure
Si la production locale d’oxygène est une bonne nouvelle, elle ne change pas la donne pour les millions d’Haïtiens privés de soins de base. Elle soulève surtout une question : comment un pays peut-il assurer la santé de sa population sans un système public fort, financé et protégé ?

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Citation :
« L’oxygène est indispensable, mais il ne sert à rien sans hôpitaux fonctionnels, sans personnel soignant motivé et sans accès aux soins pour tous. »

Haïti possède l’un des systèmes de santé les plus fragiles au monde, avec moins de 2,5 professionnels de santé pour 1 000 habitants et un budget santé notoirement insuffisant. L’insécurité et les crises politiques successives ont encore affaibli les capacités de réponse sanitaires.

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