Dans un monde où l’intimité se redéfinit sous l’influence des médias, une pratique à la fois déroutante et préoccupante gagne du terrain : l’étranglement sexuel. Poussée par la représentation pornographique et les codes du « sexe brutal », elle s’invite dans les chambres sans que ses risques ne soient pleinement compris.
Une pratique en pleine expansion, aux conséquences silencieuses
Selon une étude publiée dans Archives of Sexual Behavior, plus de 50 % des jeunes adultes australiens ont été étranglés par leur partenaire au lit. Ce chiffre soulève une question essentielle : savons-nous vraiment ce que cela implique ?
L’étranglement sexuel consiste à restreindre le souffle ou le flux sanguin au niveau du cou afin d’intensifier les sensations. Bien que certains y voient une variation stimulante dans leurs rapports, les experts alertent : cette pratique est loin d’être anodine.
« Il n’existe pas de risque zéro », explique la professeure Debby Herbenick. « Même les gestes considérés comme doux peuvent causer des lésions cérébrales irréversibles. »
Une menace invisible… mais bien réelle
Parmi les effets observés :
– Perte de conscience après quelques secondes
– Altération de la voix, vertiges, troubles visuels
– Risque d’AVC, fausses couches ou troubles de la mémoire
– Séquelles à long terme : incontinence, dépression, problèmes cognitifs
Des études soulignent que la force équivalente à celle utilisée pour ouvrir une canette de soda suffit à créer des dommages neurologiques… parfois irréversibles.
Et ce qui inquiète encore plus : les effets cumulatifs. Chaque épisode de strangulation augmente les risques de lésions cérébrales, tout comme les traumatismes crâniens répétés chez les athlètes.
Quand la norme culturelle devient un danger collectif
En 2024, le Royaume-Uni a annoncé la criminalisation des contenus pornographiques montrant des actes de strangulation après qu’une enquête a révélé à quel point ces pratiques sont perçues comme « normales »… malgré leur violence.
Les pratiques comme les gifles, les coups de poing ou l’étouffement consensuel sont aujourd’hui intégrées au spectre du « sexe brutal », mais leur banalisation cache une réalité complexe : celle du consentement mal compris et du corps souvent mis en péril.
Pour une sexualité responsable, éduquée et respectueuse
Ce débat ne concerne pas seulement les praticiens ou les experts. Il interpelle toute personne engagée dans une relation intime. Comprendre les risques, communiquer en toute transparence, et reconnaître les signes de danger sont des étapes essentielles vers une sexualité épanouie et sécurisée.
Prévenir vaut mieux que regretter. Que ce soit par curiosité ou par pression sociale, il est crucial d’avoir accès à une information claire, neutre, et bienveillante.